Voilà une réalisation à L’acrylique sur une toile assez rustique (format 2m par 2m).
J’ai enfin trouvé un lieu pour travailler sur des format conséquent sans avoir à chambouler tout mon lieu de vie … voilà qui est plutôt appréciable. 🙂
Étiquette : nature
Sylve
Deer
The Owl
À l’heure où tout devient incertain,
La nuit me visite dans ses voiles blafards.
Elle se pose lentement sur moi
Et, avec une douceur infinie,
Arrache à ma chair ce qui fait de moi un homme.
Lorsqu’elle s’enfuira en bruissant à peine,
Elle me laissera exsangue et pantelant.
J’observerai alors mes restes frémissants
Et je verrai que c’est avec mes chaines
Que la nuit va nourrir ses enfants.
Sur le chemin
Est-ce toi que je vois, blafarde, sur le chemin
Est-ce toi qui flottes ainsi, somnambule
Est-ce toi qui assassines et qui enlace
Vas-tu laisser ce fardeau et tenir ma main un instant
Ou bien recueillir mon sang dans tes mains en coupe
Vas-tu lever tes yeux clairs
Ou les plonger dans ces entrailles
Choisis donc la tourbe ou l’eau claire
Etends-toi enfin sur ce lit
Laisse moi courir loin devant
Et fuir mes restes encore fumants
Racine
A l’entour de ma fuite
Dans le Paysage flou
Et parmi les bruissements
Je perçois des notes de ta voix
Je fais quelques pas
Je m’égare un peu et je me languis
Mais la vague dans les branches
Me berce et m’apaise
Alors je vois ton épaule nue
Dans les brindilles, l’humus,
L’arrondi d’un champignon
Et ton rire qui secoue les feuilles
Ton odeur qui flotte dans la pluie battante
Je croque un fruit, ton sucre et ton sel
Tends moi ta main, serre fort
Couche moi dans la terre meuble
Qu’elle me couvre et s’endorme sur moi
Ta peau dans la pénombre
Et ton regard fuyant
Là, je m’enracine tandis que tu te détournes
Et je m’efface doucement
Mangé par une saison, puis deux
Et puis d’autres innombrables
Chaque jour un autre moi te cherche
Mais je sais où je suis vraiment …
Je suis enfouis là, dans l’ombre
À rêver de ta chair tendre
Et de tes baisers brûlants
Entre les racines d’un arbre millénaire
Et mes soubresauts amusent
Un scolopendre et un cloporte
Le monde dans une flaque d’eau
Toute cette agitation muette
La nuit quand la réalité dort
Tranquille et aveugle
Je me suis vu ramper vers elle
Froid comme la mort
Attiré par la lumière
Phalène avide, brutale
Ou serpent sinueux
Je me suis vu léviathan grandiose
Dévorer ce monde vain
De soubresauts vaniteux
Et de créatures pitoyables
Et puis, ne pouvant me soustraire
Au grotesque de ma condition
Puisqu’on est jamais assez grand
J’ai mis le monde dans une flaque d’eau
Le cavalier mélangé
L’air est lourd sur la lande
Le soir tombe et le vent s’étouffe
Dans sa propre tourmente
Et offre le monde à la pesanteur
Toi tu as oublié de nourrir les bêtes
Tu as laissé crever la terre à tes pieds
Et ton berceau est nauséabond
Ce soir, tu souperas d’un peu de néant
Et le ventre bien rond de ton amnésie
Gourmand encore de plus d’oubli
Tu iras t’assoupir sur ton lit de fer
Sourd au vol des corbeaux
Au pas lent mais sûr dans la plaine sèche
De celui qui vient avec au coeur sa mémoire
Infaillible et sans âge, ton nom gravé tout au fond
Il va tout droit sur ton corps endormi
Se repaitre de tes rêves
Sa monture piétinant ta chair flasque
À peine un soubresaut t’anime
Toi, coquille vide et pantin suffisant
La Tempête
Tu vois, j’y avais rangé beaucoup de choses
J’y ai caché des objets auxquels je tenais
J’ai laissé la table dressée et un feu au foyer
J’ai même rempli les verres d’un breuvage sucré
Aux murs il y avait des photos, des dessins
Au sol, la poussière n’est pas encore retombée
Mais j’ai déchiré le papier sur les murs et j’ai brisé la bois
J’ai donné des coups et j’ai crié fort
Si bien que … regarde comme tout s’en va
Et j’ai senti comme tu me regardais tout ce temps
Longtemps j’ai tenu ta main chaude
Aujourd’hui je me demande seulement,
Toujours ma main dans la tienne,
Quel moment tu choisiras pour mordre ma chair,
De tes dents ouvrir des plaies béantes
Alors que j’observe la tempête emporter ma maison
La Sèvre
De loin on peut sentir ton parfum
Ta suavité calme a envahi la nuit
Dans la clairière, immobile
Ta sève s’échappant de toi
Et tu la laisses s’enfuir sans un mot
Ce n’est pas la haine qui approche
Ni la colère noire qui rampe
La faim nous taraude et il fait froid
Tu es là, trop belle pour disparaitre
Quand se tarira ton souffle blanc
Nous préférons te dévorer
plutôt que te voir t’effacer
Dans l’étreinte, perce-nous le coeur
Mêlons notre sang, vivants une dernière fois
Et dans l’huile de nos corps glorieux
Terminons-en une bonne fois.